Love quoi ?
Love Hina est une série de manga (14 tomes) de Ken Akamatsu publiée à la fin des années 90, début 2000 qui met en scène les déboires de Keitaro (19 ans). Ce dernier est un raté, un loser en amour, un binoclard sans vrais amis… Ces parents ont même décidé de virer leur fils de leur maison. Notre piètre héros va donc trouver refuge à Hinata, plus précisément à l’hôtel tenu par sa grand-mère.
Sur place, il se rend compte qu’elle est absente et que l’hôtel s’est transformé en pensionnat… pour filles ! Tout va déraper à cause des maladresses de Keitaro mais aussi à l’irritabilité des pensionnaires et notamment celle de Naru, la plus virulente des filles. Prêtes à le lyncher, Naru et les autres changent finalement d’avis quand elles apprennent que l’intrus est un étudiant de la très prestigieuse Université de Tokyo : Todai !
Voyant en lui une personne à l’opposé de ce qu’elles pensaient, elles acceptent de l’accueillir dans la pension comme résident exceptionnel. Sauf qu’en réalité, Keitaro a raté pour la énième fois le concours d’entrée. Ce que les filles ont trouvé est juste une carte pour passer l’examen (échoué donc)…
Au-delà de ce quiproquo qui va mettre Keitaro dans une sacrée panade, notre faux étudiant veut vraiment entrer à Todai. Mais pourquoi un tel cancre espère-t-il tant intégrer une telle école ? Tout simplement parce que 15 ans plus tôt, il a fait une promesse à une fille dont il était amoureux, la promesse de se retrouver à Todai. Qui est cette fille ? Le souvenir est hélas trop flou pour Keitaro, mais peut-être… peut-être que Naru… oui, il y a des indices troublants, peut-être que Naru pourrait être la fille de son enfance ?!
Une romance de type « Harem ». Pardon ?
Oui, c’est un genre assez commun dans le manga : « harem » pour signifier que le protagoniste va être entouré d’une palanquée de personnages de sexe opposé (j’imagine que ça doit exister en version homosexuelle) qui va graviter avec plus ou moins d’attractivité. Mais ne vous leurrez pas, bien que Ken Akamatsu trouve tous les prétextes pour dessiner toutes les filles nues ou en petites culottes (ça reste soft), Love Hina est une vraie romance !
Personnellement, j’ai particulièrement apprécié la relation qui se construit entre Keitaro et Naru au cours des tomes : ça émerge, ça chute, ça se redresse, ça se vautre à nouveau… Tout ça avec des gags bien trouvés et une ambiance burlesque qui brisent complètement les situations qui pourraient paraître gênantes pour les Occidentaux que nous sommes. Et puis, on découvre petit à petit les facettes des personnages, leurs passés, leurs faiblesses et leurs forces. Bref, bien que ça soit des archétypes, les personnages deviennent très attachants et apportent leur individualité dans une intrigue légère et efficace.
Projet XYX ?
Mais quelles sont les ressemblances avec Lovely XYX ? Oh plein ! Déjà le titre de mon roman. En effet, pendant très longtemps mon histoire avait pour nom « XYX ». Impossible de vous en dire plus sans dévoiler l’intrigue, alors je ne vous dirai rien sur la signification de ces trois lettres.
Bien que ce nom précoce correspondait exactement à mon histoire, je trouvais ça trop « froid », voire même « coquin ». On est loin de l’énergie qui se dégage de mon roman. Et puis ça ne faisait pas très romance Feel Good…
C’est en lisant une interview de Ken Akamatsu que j’ai découvert que lui et son équipe avaient aussi bien galéré à trouver un titre à son manga. C’est un peu par accident qu’ils sont tombés sur « Love Hina » qu’on pourrait interpréter en « Amour à Hinata », ce qui correspond bien au côté « harem » dans le pensionnat.
Immédiatement je me suis posé la question comme Ken : « Love XYX ? ». Sauf que moi ce n’est pas un harem et ma romance n’est pas lié spécifiquement à un lieu. XYX désigne plutôt un personnage, une attitude. Alors « Lovely XYX » (soit « Adorable XYX ») ? Oui ! Voilà, ça ça fait romance, ça ça fait un titre intriguant, ça sonne bien et qui prend tout son sens quand on lit mon roman. Merci Ken !
On peut aussi comparer Lawrence et Keitaro, tous les deux des losers avec peu de vie sociale et le néant absolu au niveau sentimental. On peut aussi découvrir dans Lovely XYX, qu’Emy rêve de devenir archéologue et que Keitaro le devient un peu par hasard au cours des 14 manga. Qu’Emy est une bosseuse au point de ne pas profiter de la vie comme Naru. On peut aussi faire un parallèle entre le carcan scolaire et les projets de vie qui se font par le biais de l’expérience, parallèle qu’on retrouve en arrière-plan de Lovely XYX et Love Hina… Merci Ken !
Mais ce n’est pas tout. J’ai lu Love Hina pendant une période charnière de ma vie. Je venais de débarquer dans une ville que je ne connaissais pas, à 10000 km de chez mes parents, sans ordinateur, sans Internet, sans amis, j’allais rentrer dans une école pour y commencer mes études artistiques… un mois plus tard. Pendant un mois entier, je tournais en rond dans mon petit studio à attendre frénétiquement la rentrée. Alors j’achetais des manga pour passer le temps, dont Love Hina. Quand j’ai lu le dernier tome, je me suis dit : « Moi aussi je vais faire une BD ! ». Tout ça a donné le roman Lovely XYX bien des années plus tard (j’en parle ici). Oui, c’est Love Hina qui m’a donné envie d’imaginer l’histoire de Lawrence. Merci Ken !
J’ai analysé l’œuvre du mangaka, j’ai disséqué sa façon d’intégrer l’intrigue, de développer les personnages, de faire monter à ébullition les sentiments tout en gardant l’humour omniprésent et j’ai tout intégré à mon propre style d’écriture. À ça, s’est ajouté tout un tas de références, d’inspirations et d’expériences personnelles qui font que Lovely XYX a des airs de Love Hina, mais n’est pas du Love Hina… C’est du Lovely XYX. Oui, mon roman s’est émancipé et est devenu une histoire avec son caractère à lui.